Gourmandise...


C'est le thème du petit exercice de la luciole masquée.
Le texte ne doit pas excéder 10 lignes (c'est difficile).
Voici le résultat de ma petite cogitation !

La maîtresse dit à Louise : "Épelle le mot GOURMANDISE et donne nous ensuite sa définition". Louise n'avait pas bien compris ce qu'était une définition et répondit de cette façon :
"Dans GOURMANDISE il y a :
Le G de Gâteau
Le O de cacaO
Le U de sUcUlent
Le R de Roudoudou
Le M de Mmmmmmmmmmh
Le A de Acidulé
Le N de Nougat
Le D de Dessert
Le I de Irrésistible
Le S de Sucré
Le E de Excés"
"C'est en effet bien résumé" fit remarquer la maîtresse amusée.

Galerie de portraits

Olivier est lancé ! On ne l'arrêtera plus ! Voilà les portraits des personnages du démon du puits :

Et dans le détail, ça donne ça :








Le blog nouveau est arrivé !!!

Après beaucoup d'hésitations, de durs labeurs et de larmes (non là j'exagère un peu pour me faire plaindre) je déclare ce blog ouvert ! Merci pour votre soutien dans cette terrible épreuve les filles ! ;-)

Même pas belle !

Les illustrations sont réalisées par Zanapa

A la naissance, sa mère en resta sans voix.
« -Mais qu'est-ce que c'est que ce bébé là ?

Il a les oreilles décollées et son nez n'est pas très droit,
Quelle drôle de tête il a !
Quoi qu'il en soit, je vais l'aimer comme il est… je n'ai pas le choix ! »

C'est ainsi que naquit Camille qui était une petite fille
Certes très gentille mais aussi, disons-le, très très … moche !
Jamais à ce sujet elle ne faisait de reproche :
Sa mère n'avait pas voulu ce menton en galoche !

Pourtant, il faut l'avouer, ce n'était pas tous les jours fastoche,
Quand dans la cours de l'école, de sales mioches lui criaient :
« Casse-toi, t'es moche ! »….
Mais Camille était intelligente
Et ne répondait jamais à leurs phrases méchantes.

En grandissant, cela n'alla pas en s'arrangeant.
Les princes ne sont pas tous charmants
Et beaucoup préfèrent un joli minois à l'air narquois
(même s'il dissimule l'intelligence d'une oie !)
A un esprit brillant s'exprimant par une bouche sans dent !

Elle ne comprenait pas pourquoi dans leur tête, être laid
Impliquait que l'on soit benêt ou mauvais.
Pourquoi beau fonctionnait-il toujours avec bon ?
Ne pouvait être à la fois bon et laideron ?
Les belles méritaient-elles que l'on prenne tant soin d'elle ?
Alors même que certaines étaient sans cervelle…

Mais même pour les moches (et autres affreuses caboches !) le soleil brille !
Et Camille eut trois petites filles, Léa, Eva et Prunille
Qui, au grand dam de leur grand-mère
Ressemblaient, traits pour traits à leur mère.

Cette histoire n'est pas celle du vilain petit canard,
Camille ne devint jamais une star,
Et même sans lunettes et les cheveux détachés,
Elle n'était pas une reine de beauté !
Mais on s'en fiche !
Car quelle importance d'avoir des yeux de biche
Si, dans la tête, on a un pois chiche !

Les babillages de Babine

Les illustrations sont réalisées par Mimizonzon



Enchanté de vous rencontrer ! Mon nom à moi c'est Babine et dans mon crâne, ça turbine ! Mon passe temps préféré, c'est reniflé le derrière de mes congénères !

Qu'allez vous imaginer ? Sur ce dessin, je suis le chien ! Vous, les humains, pensez toujours être les seuls à pouvoir parler pour rien. A mes côtés, la petite poupée, c'est Miss Zoé. C'est ma maîtresse. Pour elle, je ferais n'importe quoi, même me laisser promener en laisse !

Mais voilà que ce matin, pendant notre promenade Miss Zoé avait l'air tout maussade. Malgré mes efforts désespérés pour l'amuser, rien ne semblait pouvoir la dérider. Elle était tellement absorbée qu'elle s'est excusée auprès d'un lampadaire qu'elle avait bousculé !


Mais qu'est ce qui allait de travers ? Pendant que Miss Zoé restait prostrée sur un banc, j'allais explorer les parterres à la recherche de mon ami Elmer, un dogue allemand blanc. Je le trouvais en train de creuser au pied d'un grand châtaignier.

- Elmer, faut que tu m'aides vieux frère !
- Qu'est ce qui t'arrive ? On t'a piqué ton réverbère ?
- Ne plaisante pas, j'ai pas la tête à ça ! C'est Miss Zoé, elle est toute chamboulée. Elle veut plus jouer, ni papoter. Hier, elle a rien mangé au dîner et elle a même oublié ma pâtée !
- Tu as raison mon garçon, si elle s'en prend à ton estomac il faut agir, si tu veux je connais un bon syndicat…

- Mais t'es idiot ou quoi ?
- Oh, la, la, t'énerve pas comme ça ! Il n'y a pas de quoi en faire un plat ! Je sais ce qu'elle a, moi, ta petite nana, elle est amoureuse et puis voilà !
- Amoureuse !… amoureuse ? Mais ce n'est qu'une enfant, elle n'a que dix ans !
- Et alors ? Chez les humains, ce n'est pas un frein. Et puis, je sais de quoi je parle, ma petite Mireille, elle a fait pareil !
J'en restais bouche bée ! (enfin gueule béante !)
- Je ne peux pas rester t'aider à creuser Elmer, faut que je rentre !
Sur le chemin du retour, j'en profitais pour discuter avec Miss Zoé.

- Dis moi, ça va toi ?
- Oui… enfin cou ci, cou ça !
- Tu es amoureuse, c'est ça ?
- Comment tu as deviné ?Qui t'en a parlé ?
- Je te connais ma Zoé ! (en fait, au fond de moi, je n'en revenais pas ! Elmer avait dit vrai, il ne s'était pas trompé !)
- Et quel est le nom de ce garçon ?
- Il s' appelle Douglas. Il est anglais, il est arrivé cette année dans ma classe.
- Tu lui as dit ce que tu ressentais ?
- Tu es fou ? Il se serait moquer… (C'est vrai, j'oubliais à quel point les humains étaient parfois crétins !)
- Alors, qu'as tu fait ?
- J'ai tout fait pour qu'il me voit ! Mais malgré ça, il ne m'aime pas !
- Comment cela ? C'est impossible, tu es irrésistible !
- Tu es gentil mon Babine ! C'est aussi ce que m'ont dit mes copines…
- Mais comment tu t'y es prise ?
- Et bien je suis devenue son amie. J'ai joué au foot, je me suis mêlée à son groupe. J'ai même réussi à me faire inviter chez lui pour son anniversaire ! J'étais la seule fille et j'ai joué tout l'après-midi à des jeux de guerre.

- Oh, misère !

Mais ma Zoé, c'est TOI qu'il doit aimer ! Tu dois te montrer telle que tu es, ta vraie personnalité ! Tu ne dois pas seulement être son amie mais aussi sa chérie. Dis lui que tu aimes dessiner, nager, danser, papoter, me promener ! Ose lui dire que ta couleur préférée, c'est le violet, pas le kaki, et si tu veux mon avis, il te verra telle que tu es : une fille inouïe, à la fois jolie et gentille. N'aie jamais honte de ce que tu es, quoi que les autres puissent penser. Dans la vie, il faut s'assumer ! Au risque de ne pas être aimé, parfois, c'est vrai… Mais les gens qui t'aiment, t'aiment vraiment ! Il ne faut jamais faire semblant ! Va voir ce Douglas, regarde le bien en face et dis lui qui tu es et ce que tu voudrais.
- Mais jamais je n'oserai !
- Il le faut Miss Zoé : à être trop frileux, on est jamais heureux !
A la sortie de l'école le lendemain, je l'attendais dans un coin. Dés que je l'ai aperçue au loin, j'ai compris qu'elle avait suivi mes conseils. Elle riait et ses yeux brillaient : une merveille !
- Alors ? lui demandais-je impatient
- Ça a marché mon Babine ! Tu es épatant ! J'ai tout fait comme tu m'as dit. J'ai rougi tellement fort que je sentais mon cœur dans tout mon corps. Il a d'abord souri, puis lui aussi a rougi. Et après il m'a dit que lui non plus n'aimait pas le kaki, que sa couleur préférée, c'est le gris, que le mercredi après-midi avec sa petite sœur Amy, il joue à la poupée et il prend des cours pour apprendre à nager, et…
- Doucement, doucement, ne parle pas si vite, tu vas t'étrangler ! Et à la fin, vous vous êtes embrassés ?
Elle est devenue tellement rouge que j'ai cru qu'elle allait exploser !
- S'embrasser ? Mais Babine, tu es fou, il y avait plein de monde autour de nous, déjà qu'ils nous regardaient, si on s'était embrassés, qu'est-ce qu'ils auraient pensé ?!?
- Et bah, c'est pas gagné ! Nom d'un chien, je ne comprendrai jamais rien de rien aux humains !

Le chat

Les illustrations sont réalisées par Ojni


Les chats ont neuf vies, c'est bien connu.
Mais ce qui est moins su,
C'est qu'entre chaque, ils changent de tenue.
Quand on y pense, c'est plutôt une chance :
Que penserait le livreur de lait s'il revoyait gambader,
Comme si de rien était, le minet qu'il a la veille écrasé ?
Il aurait tôt fait de l'accuser d'être l'allié de quelque vieux sorcier !

Non, non, décidément, mieux vaut se métamorphoser carrément,
C'est plus prudent !
Pour cela, chaque chat a le choix,
A l'aube d'une nouvelle vie,
De choisir ses habits.
Sera-t-il siamois, au caractère sournois ?
Ou peut-être persan, aussi élégant qu'indépendant ?
Ou encore, totalement dévêtu, chat tout nu à l'air saugrenu ?
A chaque race d'individus, ses attributs,
Ses manières d'être et de faire,
Dont on ne peut se défaire.

«- Quelle affaire! » s'exclama un jour un chat birman,
Qui, dans un moment d'égarement,
D'un camion, n'avait su éviter le pot d'échappement.
Il venait de perdre sa sixième vie,
Et hésitait au moment de choisir une nouvelle panoplie.
«- Ce principe est idiot, Pierrot »
(Pierrot était le chat chargé d'aider ses congénères
A retourner sur Terre.
C'était le bras droit du dirlo,
Pas franchement un rigolo !)
«- Dans la vie, tout n'est pas blanc ou noir,
C'est un fait notoire !
Pourquoi continuer à alimenter les préjugés ,
Serait-ce indécent pour un persan,
D'être un vrai chat à maman,
Toujours à miauler dans son tablier pour un peu de lait ?
Et pourquoi un siamois n'aurait-il pas le droit d'être câlin pour une fois ?
Qui a décrété que sa beauté ne serait aller sans sa méchanceté ?
-Mais, enfin, c'est le plus grand des experts en la matière,
Notre Grand Chat Père ! » s'exclama Pierre.
Notre chat birman réfléchit un moment,
Se grattant la tête de temps en temps.
«- Peut-être est-il possible que l'on s'arrange,
Et que tu fasses une sorte de mélange ?
-Le résultat en serait bien étrange, j'en mets ma patte à couper.
Un mélange… ah non vraiment quelle drôle d'idée !
Et où irais-tu habiter ? Y as-tu pensé ?
Qui voudrait d'un chat à moitié racé ?
Les humains te fermeront, sans autre façon, la porte des salons.
Fini le saumon et les petites attentions,
Ils t'enverront aux écuries chasser les souris.
Tu auras de la paille pour seul lit
Et il te faudra boire le lait directement au pis.
Voilà le sort auquel tu serais promis !
Et encore, cela pourrait être pis,
Si tu t'en allais vivre à Paris.
La ville est bien belle,
Mais tu te nourrirais dans les poubelles.

Tu déambulerais sur les toits,
Tu n'aurais plus de chez toi..
Tu irais où tu voudrais,
Tu pourrais voyager,
Mais resterais sans abri les jours de pluie.
Est-ce vraiment ainsi que tu vois ta prochaine vie ?
-Ma foi, pourquoi pas ? répondit l'indécis.
-Tu me laisses sans voix mon pauvre ami !
Te rends tu compte que tu n'aurais plus de famille proprement dit ?
Si tu es moitié birman, moitié persan,
Les persans te traiteront de sale birman et inversement !

- Et bien, d'une nouvelle espèce, je serai le premier, c'est décidé !
Terminés les destinées toutes tracées,
Les pelages stéréotypés, les caractères sans originalité,
Place à la liberté, à la fantaisie, à l'ouverture d'esprit !
Place à la tolérance et à la différence ! »
Pierrot répliqua sur un ton ironique :
«- Te voilà lyrique, tu es pathétique !
Je suis à bout de nerfs, vraiment tu m'exaspères !
Tu veux te démarquer de tes frères, et bien je vais faire de toi
Un chat sans terre, un chat sans pairs, un chat… de gouttière !
Qu'il en soit ainsi !
Et c'est ainsi que revint à la vie,
Un chat tigré multicolore.

Le bruit courut bien vite au dehors,
Qu'un chat mélangé était né.
Certains chats s'en offusquaient, d'autres étaient très choqués.
Beaucoup pourtant commencèrent à envier cette liberté :
Qui était ce chat qui osait se libérer de tous les usages de la société ?
Et bien vite il y eut d'autres hurluberlus
Qui ne voulaient plus d'un costume déjà vu.

Pierrot, à chaque nouvelle arrivée, se voyait prier
De faire dans la nouveauté.
C'est pourquoi aujourd'hui,
Même si la nuit, tous les chats sont gris,
Dans la journée, tous les minets sont panachés
Et pas peu fiers d'être de vrais chats de gouttière !

Le frère du Père Noël

Les illustrations sont réalisées par Gwendoulash

Vous connaissez le père Noël ? Oui, bien sûr, tout le monde connaît Noël !
Mais savez vous qu'il a un frère nommé Albert ? Non, bien sûr, personne ne connaît Albert !
Noël et Albert ont beau être frères, ils n 'ont pas du tout le même caractère. Et même physiquement, ils sont très différents.

Dés leur plus jeune âge, Noël était le plus sage alors qu'Albert mettait sa nounou en rage. Noël était très beau garçon, et devint vite un Apollon faisant tomber les filles en pâmoison. Albert, lui, était un laideron dénué de charme ce qui ne lui arrachait aucune larme : « Les filles, toutes des idiotes, je suis bien mieux sans ces têtes de linotte ! »

En vieillissant, leurs études terminées, il leur fallut trouver un métier. Pour Noël, ce fut vite fait : il voulait distribuer des jouets à tous les mouflets ! Et il devint celui que l'on connaît.

Pour Albert, ce fut une autre affaire ! Il ne voulait rien faire. « Pas besoin de travailler lorsque l'on est un riche héritier ! » (le père des garçons avait fait fortune dans la fabrique de jouets). Mais voilà que son grand dadais de frère ainé se mettait à distribuer sans les faire payer les jouets qui sortaient des ateliers. Il allait jusqu'à dorloter ces crétins de lutins ! Leur père les faisait travailler pour rien, mais Nono, lui, les traitait comme s'ils étaient humains !

Plus le temps passait, moins Albert supportait son frère ; Albert était un vrai radin qui se moquait bien de son prochain et avait horreur des gamins.

« Quelle manie, jeter ainsi l'argent par dessus le traîneau ! Il faut que je trouve un moyen d'arrêter ce barjot de Nono ! Je vais gâcher cette fête d'opérette en leur piquant leurs chaussettes ! Ils n'auront plus rien à accrocher à leur cheminée et ils seront bien embêtés ! Nono croira qu'ils se sont lassés et il mettra fin à ses tournées ! »

Et c'est ainsi qu'a commencé le vol organisé et méticuleux des chaussettes de tant de malheureux. Albert entrait dans les maisons en toute discrétion et fouillait plein d'espoir bacs à linge et armoires. Il déposait son butin dans l'ancienne chambre des lutins (elle était inoccupée car Nono les avait installés dans de sublimes chalets tout équipés). Sa réserve était impressionnante, pleine de couleurs foisonnantes et de matières différentes : les grosses chaussettes en laine de pépé côtoyaient les socquettes distinguées des parisiennes guindées. Jambières à pois, guêtres à rayures, bas à la noix, tous étaient là !

Vous ne me croyez pas ? Demandez aux adultes, vous verrez que les chaussettes, ça disparaît ! Entre le bac à linge et le machine à laver, impossible de les retrouver ! Evidemment Albert ne volait jamais la paire, les deux en même temps, ça aurait été trop voyant !

Bien entendu, Albert comprit très vite que c'était peine perdue. Les lutins l'ayant espionné et dénoncé, Nono n'était en rien démotivé par l'absence de chaussettes devant la cheminée et déposait désormais les jouets sous les sapins décorés. Il n'en voulait pas à son frère, il aimait trop Albert et le laissait faire malgré la colère des lutins: « C'est un bon à rien, mesquin et radin !

- Ne soyez pas si durs mes lutins, vous me faîtes du chagrin, répondait Nono toujours généreux. Albert est heureux et c'est là le seul véritable enjeu ! »

Et c'est vrai qu'Albert était radieux, continuant ses larcins pour compléter son butin. De méchant farceur, il était devenu collectionneur. Il laissait à présent les lutins travailler tranquillement, ne sabotait plus le traîneau de Nono et ne donnait plus de laxatifs aux rennes. La vie au camp de base polaire était bien plus sereine !

Alors, si un jour votre chaussette bleue est introuvable, même si cela vous rend irritable, soyez un peu charitable : grâce à votre générosité (bien qu'un peu forcée !) les lutins peuvent préparer en paix les cadeaux qui rempliront le traîneau l ! Grâce à ce petit sacrifice, vous passerez sous les meilleurs auspices un joyeux Noël !

Une année pas comme les autres

Les illustrations sont réalisées par Sumi


Il y eut un printemps couleur de sang.
Le sang qui, dans les petits tubes, coule lentement.
Il y eut un médecin très gentil
Qui a parlé de leucémie. Papa a pâli.
Les yeux gris de Maman se sont emplis de larmes.
Je me sentais seul, perdu, sans arme.

Il y eut un été gâché tout entier.
A l'hôpital, rester enfermé,
A regarder mes cheveux tombés,
Allongé sur un lit, perfusé.
Si je sors d'ici un jour, je ne regarderai plus jamais la télé.

Il eut un automne qui s'annonçait bien morne.
Mais alors que les feuilles tombaient,
que la nature mourait,
Pour moi, l'espoir renaissait.
Il avait le visage de mon frère, qui n'était pourtant pas mon ami.
Lui qui ne me faisait pas de cadeau, me fit le plus beau.
Le médecin appelait cela un don de moelle, moi j'appelle ça la vie.

Il eut un hiver, loin des odeurs d'éther.
Une attente fébrile, la peur latente d'une chambre stérile.
Et puis il y eut après Noël, comme un cadeau du ciel,
Des résultats d'analyse comme la plus belle des surprises.
Mon frère ennemi m'avait guéri.
Cette saison qu'on décrie, celle de la nuit,
Fut pour moi un retour à la vie.

Quand Lilie lit la nuit...

Les illustrations sont réalisées par Sabbio

Lilie est une jolie petite fille
Qui vit dans un grand appartement
Avec Léa, sa maman.
Lilie aime : les glaces, l'ananas et Mathias.
Elle aime aussi les ravioli, Amélie mais pas du tout le céleri !
Mais ce que Lilie aime par-dessus tout ce sont les pâquerettes,
Les pastèques et surtout… la bibliothèque !!!

Chaque vendredi, la bibli ouvre la nuit.
Ce soir-là, Lilie et sa maman dînent tôt ,
Et partent aussitôt, après manger, à pieds,
Vers le grand bâtiment d'architecte
Qui abrite la bibliothèque.

Maman s'installe silencieusement à une table
Où elle vide son cartable.
Elle vient étudier pour avoir un beau métier :
Maîtresse ! Lilie la laisse travailler en paix
Et va retrouver sur la pointe des pieds
Son copain du vendredi, Harry !

Il est bibliothécaire, et quand il croise sa mère,
Lilie lui trouve un drôle d'air.
Lilie en rit, elle a compris : Harry est amoureux
C'est vrai que Léa a de beaux yeux bleus.

Lilie et Harry se racontent leur semaine en chuchotant
Et puis se promènent en regardant les rayonnages.
Combien de pages ? Combien de personnages
Emprisonnées dans ces livres, entre les pages?
Une fois qu'ils en ont choisi un,
Harry et Lilie vont s'asseoir dans un coin,
Sur les gros coussins, ils sont si bien !

Ensemble, au coeur de la bibliothèque,
Alors que dehors il fait nuit noire,
Ces deux passionnés d'Histoire partent
Sur les traces des Aztèques, des Mayas et des Olmèques.

Les plus belles nuits du vendredi
C'est quand sur les carreaux, Lilie entend la pluie
Et que, appuyée contre l'épaule de Harry
Elle imagine une autre vie
Où elle aurait eu un papa comme lui…
Car de papa, Lilie n'en a pas !

“Et pourquoi pas ?”rêve Lilie en secret
Alors qu'elle regarde Harry et Maman discuter.
Car Lilie sait bien que les rêves sont comme les livres :
On peut les caresser, les raconter, les partager,
Ils nous mettent des couleurs plein la tête dans nos lits le soir,
Ils nous donnent de l'espoir quand la vie est trop noire.
Et quand on croit vraiment en eux, ils peuvent rendre libre et heureux

Le démon du puits

Les illustrations seront réalisées par Olivier

L'été était arrivé. Enfin ! C'était la saison préférée d'Augustin, celle des soirées sans fin, des jeux dans le jardin, du vélo dans les chemins. Et surtout c'était la saison des moissons pendant lesquelles le petit garçon allait vivre dans la maison de sa Grand-Mé.

En effet, ses parents étaient bien trop occupés à travailler et ne pouvaient le surveiller. Chez Grand-Mé, il retrouvait sa cousine Périne et son cousin Célestin. Périne était une coquine, toujours partie jouer chez la voisine. Quant à Célestin, il avait trois ans de moins qu'Augustin et restait toute la journée caché dans dans le tablier de Grand-Mé.

Peu importait à Augustin, même seul il s'amusait bien, à tourmenter le chien ou à cueillir du trèfle pour les lapins. Il aidait Grand-Mé à faire à manger, à dresser la table, c'était un garçon aimable. Il savait en secret qu'il était le préféré de Grand-Mé.

La nuit, il dormait dans la chambre au-dessus du garage, qu'occupait son papa à son âge. Comme lui, il avait été un garçon bien sage, qui des livres n'arrachait jamais les pages, ne faisait jamais de chantage et connaissait le sens du mot partage. Comme lui, il aimait les nuits d'orage où, blotti dans son petit lit, il écoutait rouler la pluie.

Grand-Mé, elle, n'aimait pas l'orage, pis, elle le détestait. C'est que sa fierté était ses rosiers dont la beauté était par tous admirée. Elle cultivait également du muguet, des pensées, des œillets et encore bien d'autres variétés. Les pluies violentes réduisaient à néant tout son jardin d'agrément sur lequel elle veillait jalousement.

Dans ce petit paradis, un seul endroit était interdit à Augustin et ses cousins : le vieux puits. Il était large et profond et Grand-Mé affirmait qu'il abritait un démon.

- « Ah bon ! » s'étonnait Périne ! Augustin, cependant, était moins naïf que sa cousine.

-« C'est une ruse dont tu uses pour ne pas que l'on s'aventure près du puits, n'est-ce pas Annie ?

- Je m'appelle Grand-Mé, petit effronté, et sache que c'est Aimé, ton arrière grand-pé, qui m'a révélé ce secret ! »

Ce fut entendu, Augustin n'était pas têtu et puis démon ou non, le puits lui donnait des frissons. Jamais il ne s'en approchait, il l'ignorait et aurait même fini par l'oublier sans l'histoire des framboises…



Ce matin là, Augustin, attablé dans la cuisine avec Périne et Célestin, dessinait sur son ardoise.

Grand-Mé était arrivée tout essoufflée, l'air très énervé : elle revenait des framboisiers avec à la main un saladier… vide !

Les yeux de Grand-Mé étaient furieux entre ses rides, ceux d'Augustin étaient déjà humides.

« Mais Grand-Mé, je te le promets, ce n'est pas moi, crois-moi !

- Cela fait trois fois, Augustin, que tu te moques de moi ! Trois fois que le framboisier est complètement délesté de ses baies ! Tes cousins, Périne et Célestin, ne les apprécient pas, il n'y a que toi et moi qui aimions cela. J'ai promis des framboises à mon amie Françoise ! Elle va me prendre pour une sournoise ! »

Augustin se leva d'un bond en renversant sa chaise, ressentant un profond malaise. Il sortit en serrant les poings : comment Grand-Mé pouvait le croire chafouin à ce point ? Cette fois, c'était allé trop loin, il allait devoir mener l'enquête et partir en quête du voleur de baies qui ses payer sa tête… et lui faisait porter le chapeau !

« Trop c'est trop ! Je vais trouver le coupable et lui montrer de quoi je suis capable ! Ma Grand-Mé est fâchée, elle ne va plus m'aimer, c'est ma seule chance de retrouver sa confiance… »

Il alla s'assoir au pied du vieux chêne pour laisser couler sa peine.

« Je n'ai vraiment pas de veine. Mais réfléchissons et voyons où tout cela nous mène : mon ennemi doit agir la nuit, car pour commettre son larcin il doit entrer dans le jardin et comme j'y suis toute la journée, je l'aurais vu s'approcher des framboisiers. Et puis il doit être bien silencieux pour ne pas réveiller le chien pourtant si hargneux… Comment faire ? Je ne peux pas rester à faire le guet, Grand-Mé ne le permettrait jamais !

C'est en entrant dans la cuisine et en regardant Périne utilisait de la farine que l'idée vint à Augustin d'en saupoudrer le sol du jardin.

« Je m'en occuperai après le dîner quand j'irai nourrir les lapins.

Et c'est ce qu'il fit en catimini, il partit étaler le sachet de poudre blanche qu'il avait caché dans sa manche.

Le lendemain matin, Augustin courut dans le jardin avant le réveil de ses cousins. Il fonça tête baissée jusqu'aux framboisiers d'où partaient de petites traces de pieds : elles étaient minuscules, c'en était presque ridicule !

Augustin les suivit incrédule à travers le jardin entre les sapins, derrière le buis, sous le grand pin et enfin… jusqu'au vieux puits ! Son cœur s'emballa : et si l'histoire de Grand-Mé était vraie, si la solution c'était qu'un démon vivait dans le puits et sortait chaque nuit voler les baies des framboisiers ?!? Cette simple idée lui glaçait le sang et c'est en courant qu'il retourna dans la cuisine où il s'affala sur un banc tout tremblant.

« Et bien, chenapan, c'est à cause de toi que le jardin est tout blanc ? Et en plus tu m'as chipé deux paquets de farine, j'ai dû aller me ravitailler chez la voisine.

Je ne sais pas ce que tu manigances mais je commence à perdre patience ! »

Grand-Mé se tenait raide comme un piquet une main sur la hanche l'autre le secouant par la manche.

« Tu es puni pour la journée, tu vas rester près de moi et m'aider. »

Augustin était soulagé ; rester avec Grand-Mé ! C'est ce qu'il lui fallait pour digérer ces émotions.

Toutes les nuits qui suivirent, il rêva du démon. Grand-Mé continuait à bouder à cause des framboisiers qu'elle trouvait tous les jours pillés. Il ne pouvait pas lui en parler, jamais elle ne le croirait…

Le septième soir, alors qu'il était assis sur la balançoire, il prit une décision. Cette nuit, il guetterait le démon. Il attendit que tout le monde soit couché et dorme à poings fermés et sortit silencieusement. La Lune était pleine et éclairée le jardin entièrement.

Augustin resta tapi toute la nuit, à aucun moment il ne s'endormit. Soudain, alors que naissait le matin, sur la margelle du puits, apparut une main.

Par sa taille, elle ne pouvait être celle d'un humain. Et c'est bel et bien un lutin qui, à pieds joints, sauta dans le jardin…

Le petit être se précipitait vers les framboisiers où il s'apprêtait à remplir son panier lorsqu'une voix grondante vint l'arrêter. C'est qu'entre temps, Augustin était sorti de son abri !

- « Laisse ces framboises, créature sournoise ! Elles sont à ma Grand-Mé, qui va encore m'accuser ! Dit Augustin d'une voix hachée qui tremblait.

- Pardon mon garçon, mais c'est la saison des moissons. Plus de blé à manger, nous autres lutins sommes affamés ! Répondit le voleur sans une once de peur.Notre labeur nous demande bien de l'ardeur, c'est compliqué de s'occuper d'autant de fleurs.

- Des fleurs ?!? demanda Augustin avec stupeur. C'est Grand-Mé qui s'en est toujours occupé, tu ne manques pas de toupet de t'attribuer le mérite de leur beauté !

- Ta Grand-Mé ? s'esclaffa le petit effronté, elle aime les roses, mais jamais ne les arrose, elle cueille le muguet, sans jamais en planter, elle admire les hortensias, mais ne les taille pas ! Sans nous, le peuple du puits, ce jardin serait d'un ennui ! Ce serait l'invasion des chardons et du liseron ! »

Augustin en reste sans voix. C'était donc ça ! L'arrière grand-pé Aimé avait dit vrai. Le puits était bien habité, il s'était juste trompé sur la juste nature de ses invités.

« -Je comprends tout, articula-t-il d'un ton doux, vous cultivez les fleurs pour nous, sans que nous ne sachions rien de vous… Emplis ton panier de ces baies, je ne dirai rien à Grand-Mé, j'affirmerai que c'est moi qui les ai mangées, je veux bien être accusé maintenant que m'est révélé le secret et que c'est pour vous protéger. Puisse-tu bien vouloir m'excuser de ma grossièreté.

- Allons, mon garçon, ce n'est rien, répondit le lutin sur un ton badin, tu ne t'attendais pas un lutin mais à un démon et je t'accorde mon pardon. »

Une fois finie sa cueillette, le petit être inclina la tête et salua le garçonnet.

- « Bonne journée, petit futé. Maintenant, file te coucher avant que Grand-Mé ne s'aperçoive que tu as déserté ! Et qui sait ? Peut-être que nos chemins vont de nouveau se croiser un de ces étés ! »

Il escalada le puits tranquillement et disparut dedans en souriant

« C'est tout bonnement stupéfiant ! » s'émerveilla l'enfant sommeillant. Et c'est des rêves plein l'esprit qu'il retourna sans bruit dans son lit où aussitôt il s'endormit…



« Paresse et gourmandise !.? Bravo mon enfant, je vois que tu n'as pas fini tes sottises ! Je te rappelle qu'aujourd'hui vient ta tante Lise. J'aimerais te voir débarbouiller pour lui faire la bise ! Après avoir mangé tant de baies, tes joues doivent être bien sucrées ! Dépêche toi de te lever, je t'attends pour déjeuner. Tâche de ne pas me retarder, j'ai encore toutes mes fleurs à soigner ! »

Alors, face à sa Grand-Mé médusée, Augustin sauta du lit à pieds joints, l'attrapa par la main, et lui dit l'air malin :

- « Viens ! Je ne veux pas que tu délaisses ton jardin à cause d'un galopin » et il éclata d'un grand rire cristallin.

Bruits de couloir


Ce texte est illustré par Let's

« Vous avez à nouveau jouer dans les couloirs hier soir ! Et ça a duré une bonne partie de la nuit ! » Personne autour de la table n'osait plus regarder Mamie.

« Je vous l'ai déjà dit, restez dans vos lits, petits garnements ! » Les cinq enfants ici réunis restaient silencieux, s'interrogeant mutuellement des yeux.

Une fois dans le jardin, les discussions allaient bon train. C'est Pauline, la benjamine, qui menait les débats :

« Une chose est sûre, ce n'est pas moi ! Ni Sarah qui dort avec moi. Alors ne reste que vous trois !

* On y est pour rien s'insurgea Martin ! Et puis c'est peut être juste Mamie qui entend des bruits,,,
* Non, intervint Alexis, moi aussi j'ai entendu et Papi aussi.
* Et alors, reprirent les autres en choeur c'est quoi ces bruits ?
* C'est quelqu'un qui se déplace à l'étage devant nos chambres. L'autre fois j'ai entendu le bruit et je me suis levé et c'était Hervé qui se promenait !!
* Alors c'est toi ! l'accusa Sarah. D'ailleurs c'est logique, tu es le seul qui dort tout seul, c'est plus pratique pour aller faire le loustic…
* Mais j'allais juste aux toilettes. En plus, j'ai fait très attention ! Pour ne pas réveiller toute la maison, je n'avais pas mis mes chaussons, j'étais en chaussettes ! Et dormir accompagné ne suffit pas à vous innocenter. Quand Pauline est assoupie, rien ne la réveille, Sarah pourrait danser sur le lit sans troubler son sommeil !

Le silence se fit, chacun réfléchit.
* Oh, et puis tant pis, on s'en fiche, allons plutôt jouer à chat autour de l'étang !
* D'accord mais soyons prudents, conseilla la sage Pauline. La cousine de Mamie, Céleste, s'y est noyé il y a des années.
* On sait, répondirent les autres agacés. Mamie ne cesse de le répéter !
* A moi, elle m'a même montré une photo, insista Hervé. Elle a été prise le jour de l'accident.
* Vraiment ?
* Je suis sûre qu'il ment !
* Non, je ne mens pas ! Même qu'elle ressemblait beaucoup à Sarah. Elle avait les cheveux comme elle tous bouclés. Sur la photo elle avait une petit robe blanche avec de grandes chaussettes. Elle tenait ses souliers bleus à la main et Mamie par la taille de l'autre main. Elles avaient notre âge et venaient comme nous pour les vacances dans cette vieille maison que Mamie a reçu en héritage.
* Elle me ressemblait tellement ? interrogea Sarah
* Oui, sauf qu'elle, elle était rousse.
* Arrêtez avec toutes ces histoires, vous me donnez la frousse ! Allons plutôt jouer dans le vieux pressoir !
* Il paraît que pendant la guerre, le père de Mamie y a retrouvé un soldat…
* Tais-toi ! Sarah. Il n'y a que des chats désormais. Et peut-être que les chatons sont nés !

Ce soir-là, à table, on ne parlait que de l'événement de la journée : cinq bébés chats étaient arrivés. Les enfants se les étaient déjà partagés !

Mais au moment du dessert, changement d'atmosphère ! Mamie remit sur le tapis l'histoire de promenade dans les couloirs au grand désespoir des enfants.

Alors qu'un concert de protestations s'élévaient, Papi prit son petit air amusé. Papi était un blagueur, un vrai farceur, toujours a imaginé ce qui pourrait les dérider !

« Au village, commença-t-il, le bruit court que la maison est hantée !

* Hantée !!! reprirent cinq voix plus alléchées que terrifiées !
* Et oui mes enfants, hantée ! Une légende du pays prétend que la nuit une ombre vêtue de blanc se promène dans la maison !
* Janick, s'ils font de mauvais rêves, c'est toi qui te lève !
* Non, non, Mamie, promis on ne fera pas de cauchemars, laisse le finir l'histoire ! protestèrent les polissons à l'unisson.
* Bien, bien, comme vous voudrez ! Après tout, si ça vous amuse ces idioties ! Moi du moment que vous restez dans vos lits !
* Ne t'en fais pas, quand j'en aurais fini, ils resteront au fond de leur lit bien blotti ! répondit le papi.
* La suite, la suite, Papi !
* Et bien voilà : il y a très très longtemps, bien avant que votre grand-mère et moi ne naissions, il y avait dans cette maison d'étranges apparitions. Il ne s'agissait au départ que de… bruit de couloirs, enfin si j'ose dire, dit-il dans une grand sourire. Les habitants de l'époque eurent bien du mal à encaisser le choc lorqu'au milieu de leur salon, ils virent leur grand-tonton mort dans une guerre de Napoléon ! Le maître des lieux, qui était un peureux, voulut immédiatement quitter les lieux ! C'est d'ailleurs ce qu'il fit sans délai et depuis la demeure est restée inoccupée, excepté lors des congés d'été. Le poltron en question est aussi l'un de vos ancêtres (mais lui, contrairement à vous, n'appréciait pas beaucoup les spectres !) et c'est pourquoi un jour vous serez de cette maison les héritiers, elle sera votre “home, sweet home” et avec elle un cortège de fantômes !
* C'est vrai Papi, trépigna Alexis, des vrais de vrais fantômes ? Avec des chaines, des boulets et tout et tout ?
* Pfffffffff ! soupira Pauline, tu ne vois pas qu'il se moque de nous ?
* Mais pas du tout, répondit Papi subjugué par l'incrédulité de sa petite fille.
* Dis Papi, tu nous fais un lait à la vanille ? Moi j'ai trop peur pour aller me coucher, je ne veux pas croiser un fantôme et son boulet !
* Une chose est sûre, mensonge ou pas, ce fantôme là n'a pas de boulet ! reprit Pauline concentrée. Sinon le vieux parquet se serait écroulé jusqu'au rez de chaussée ! C'est un fantôme bien élevé qui a pensé à se déchausser et se promène en chaussettes lorsqu'il part en goguette !

Tous partirent dans un grand éclat de rire à l'idée de ce spectre en chaussettes qui trainait ses guêtres de manière si discrète dans leur couloir le soir.

Et c'est le cœur léger qu'ils rejoignirent ensemble leur chambre, imitant en riant les glissades et mines effroyables de ses improbables revenants. Ils sombrèrent tous rapidement dans un sommeil profond. Personne n'entendit de bruit pendant la nuit.

Et pourtant…

(la dernière planche montre une petite fille fantomatique répondant à la description de Céleste se promenant en chaussettes dans le couloir)

La double vie d'Aglaé

Les illustrations sont réalisées par Rebz

Aglaé a 6 ans.
Elle a un papa et une maman.
Papa vit dans une grande maison,
Maman dans un appartement.
Et c'est pour cette raison qu'Aglaé a deux maisons.

Tous les dimanches soirs, elle ramasse ses affaires
Et Edouard son hamster, pour changer d'univers.

Chez Maman, il y a Armand, son prince charmant.

Avant c'était Papa son amoureux
Ensemble, ils ont été heureux.
Aglaé est née et après quelques années,
Ils se sont séparés.

Papa s'est remarié avec Zoé
Ils ont même eu un bébé,
Un demi-frère nommé Albert.
Quand il est né, Aglaé s'est beaucoup inquiétée :
A quoi allait-t-elle ressembler, cette moitié de bébé ?
Mais c'est un bébé tout entier qui est arrivé
Et aujourd'hui Aglaé est très fière de son petit frère Albert.

L'été avec Papa, Zoé et Albert,
Aglaé va à la mer.
Armand et Maman préfèrent les croisières.
Et c'est sur une péniche qu'ils descendent les rivières.

Le jour de l'année préféré d'Aglaé,
C'est celui de la rentrée !
Car ce matin-là, Maman met son manteau carmin
Et son parfum au jasmin,
Papa sort son vélo bordeaux et les rejoint,
Et Aglaé prend le chemin des écoliers, en les tenant chacun par une main…

Amédé doit cesser de zozoter

Les illustrations sont réalisées par Gwendoulash

Amédé doit cesser de zozoter !
ça y est ! C'est décidé
Le verdict est tombé,
Désormais pour Amédé
C'est interdit de zozoter !

Le monde est si compliqué,
Songe Amédé en secret


Pourquoi son copain Sacha
Ne s'appelle-t-il pas Thomas ?
Pourquoi raffoler du chocolat
Quand il pourrait aimer les noix ?
Pourquoi a-t-il un chien nommé Chopin
Et non un lapin appelé Rodin ?

Ce n'est pas anodin, un cheveu sur la langue,
On a le coeur qui tangue, on ne fait pas le malin
Quand devant les copains, (et surtout la maîtresse !)
Notre vilaine langue joue les traîtresses.

“Pas de stress ! lui dit sa maman
Tout cela n'est pas si gênant,
C'est même plutôt touchant.
Mais puisque le monde est si chuintant
Nous allons remédier à ce zozotement !”

Et c'est ainsi qu'un mercredi
Ils se rendirent chez une spécialiste
Qui portait le triste nom d'orthophoniste.
Quel ne fut pas leur étonnement, en arrivant,
De découvrir, tout sourire,
Une jolie dame parme pleine de charme.


“Mon nom à moi c'est Charlotte” dit-elle.
“Sssssarlotte… crotte ! pense Amédé
J'aurais préféré Aglaé !
Tant pis, c'est ainsi,
Et puis elle a l'air gentil…”

Depuis chaque mercredi,
Charlotte et Amédé (qui pour venir ne traîne plus les pieds)
Explorent des contrées peuplées d'animaux rigolos.
Son préféré, c'est Momo le Chameau,
Et son drôle de chapeau.
Il vit dans un désert,
Où il invente des desserts à la praline
Pour sa copine Augustine, une vache bleu marine.
Il est parent avec Charmant, le serpent,
Qui vit dans un panier tressé dans la journée,
Mais qui, dans la soirée, charme son charmeur
Et file, avec ardeur, retrouver la chaleur du foyer
Et la saveur des choux au praliné
Préparés par ses deux amis.
Ah ! Amédé rêverait d'être de la partie !
Avec Ambroise, une chouette chatte siamoise,
Ils organisent des dîners, avec beaucoup d'invités.


Le clou de la soirée c'est, à n'en pas douter,
La charlotte au chocolat
Mmmmmmh ! Au chocolat, Amédé en est baba !

Et c'est comme ça qu'au bout de quelques mois,
Amédé apprit avec désarroi
Que les rendez-vous du mercredi après-midi,
C'était définitivement fini.

“Pourquoi saperlotte ! Tu ne veux plus de moi Charlotte ?
Et moi qui disait à Sacha et Marie que l'on était amis,
Que dans nos jolies histoires, jamais rasoir,
Des animaux très très beaux (accros au chocolat, tout comme moi !)
Organisaient des repas avec plein de copains,
Dont l'un ressemblait beaucoup à Chopin, mon chien…”

Un immense sourire, suivi d'un grand éclat de rire,
Illuminèrent alors le visage de Charlotte.
“Arrête ta parlote, petit père !
Tu es devenu un expert !
Les mots pour toi n'ont plus de mystère
Et puis, avec Sacha et Marie ,
Vous viendrez me voir le samedi .
Avec Chopin, dans mon jardin ,
Nous prendrons du jus de raisin …
Et exprès pour toi, du bavarois au chocolat !

Ce texte s'adresse aux enfants entre 5 et 8 ans qui ont des petits problèmes de diction : à chaque couleur correspond un son.